SPECULUM
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Imaginez...Imaginez...Nous sommes en 1390, la guerre de Cent Ans tire à sa fin, mais pas encore... La pauvreté grignote tout le pays . Il est 6h du soir en hiver, l'Angélus est passé et, courbée sur le chaudron, vous touillez la soupe. Une douleur dans les reins, une contraction d'abord timide, suivit d'une autre plus profonde et les eaux vous inondent les cuisses. Vous lâchez la cuillère de bois et, vous tenant le ventre à deux mains, vous hélez votre homme qui est au bûcher. Maintenant la nuit est tombée...Que va-t-il se passer ?
On appelle la ventrière... puis les voisines arrivent, suivies des soeurs, des tantes et on attend dans la bonne humeur pendant que la parturiente, vous en l'occurrence, monte et descend les escaliers... s'appuie sur une chaise. Le rythme s'accélère. La ventrière huile l'abdomen et la vulve. Si tout se passe bien, l'enfant naît vivant et la mère en réchappe. (Cinquante pour cent de mortalité "périnatale", ce n'est pas rien.)
Dans cinquante pour cent des autres cas...la ventrière essaie à toutes forces de faire sortir l'enfant. On pousse, on tire, on éponge le sang. Si l'enfant est mort, on le sort par morceaux. Au mieux l'enfant survivra estropié et la mère en mourra. Les hommes sont bannis de la pièce. Des fumigations, du vin et une ceinture magique seront les seules aides des mères pratiquement laissées pour mortes.
Le spéculum ne devait être réservé qu'à la pratique des chirurgiens, mais quelques ventrières en possédaient. Inventés par les Romains, il ne sera amélioré qu'au XVIII° siècle. Au vu de "l'engin", vous pouvez imaginer les souffrances... Un "siège" ou une "épaule" vous laissaient peu de chance...
